Les childfree dans la presse et les médias

Depuis plus de 10 ans maintenant, j’ai toujours plus ou moins affiché mon choix de ne pas vouloir d’enfant sur les réseaux sociaux. D’une certaine manière, c’est un moyen de montrer que la communauté childfree existe. Depuis quelques années, la presse et les médias s’intéressent un peu au sujet et c’est naturellement que des journalistes tentent de rentrer en contact avec nous.

Marginal et bizarre

L’un des premiers points qui peut agacer, c’est cette manière de traiter l’information. Si les articles ne sont pas forcément publiés dans la rubrique « insolites », les childfree sont souvent présentés comme des marginaux ou des personnes qui n’ont pas un comportement normal. Si, bien évidemment, cette approche n’est pas forcément volontaire, il en résulte une image assez négative de ce groupe de personnes qui ont juste fait le choix de ne pas avoir d’enfant. Cet côté « regardez ils ne sont pas comme vous » a quelque chose de très désagréable. Un freakshow des temps moderne en somme.

Même s’il reste relativement rare de trouver des articles sur le sujet dans les médias mainstreams, il est intéressant de se demander quelles sont les raisons qui peuvent pousser un.e journaliste à interroger des personnes qui ne veulent pas d’enfant, là où on ne demande jamais pourquoi les gens veulent devenir parents. Pourtant le vrai sujet est bien là. C’est souvent cette interrogation qui pousse les childfree a choisir cette vie sans enfant. Un autre point qu’il serait tout aussi intéressant à aborder, c’est cette pression sociale omniprésente qui fait qu’il faudrait absolument en faire. Elle est partout, dans les divertissements, la culture populaire et… Les médias.

L’écologie c’est chic

Parmi le pack d’arguments que l’on trouve chez les childfree, la question de l’écologie revient régulièrement sur la table. Sujet hautement d’actualité et si, effectivement, ne pas faire d’enfant a un réel impact sur notre environnement, c’est rarement la première raison qui pousse des personnes à ne pas enfanter. De manière générale, on choisi de ne pas faire d’enfant parce qu’on n’en veut pas. Tout simplement. Pas besoin de faire une étude poussée pour comprendre que la parentalité n’est pas forcément le seul choix de vie possible.

Du côté childfree, on a beaucoup d’arguments pour justifier ses choix mais, d’expérience, on en trouve rarement autant du côté des parents. L’approche écologique du sujet permet de surfer sur l’actualité mais il y a une certaine forme de généralisation depuis quelques temps qui n’est pas très pertinente. Oui, il existe des personnes qui font ce choix consciemment pour ces raisons mais ça reste relativement rare. Disons que cet aspect est un bonus pour les personnes qui ne veulent pas d’enfant, la plupart du temps. C’est aussi un argument de poids utilisé pour qu’on nous laisse tranquille.

La parentalité est un choix, pas une obligation

L’intérêt de la communauté, c’est avant tout de montrer qu’un choix est possible et que, justement, il n’y a rien de marginal à écouter ses envies. Si j’ai toujours encouragé les childfree à parler du sujet tout autour d’eux, l’intérêt réside beaucoup dans le fait que de nombreuses personnes se sentent isolées ou mises à l’écart parce qu’elles pensent avoir un « problème » or ne pas vouloir d’enfant n’a jamais été problématique. En découvrant qu’il existe des personnes épanouies sans enfant peut réellement aider à s’assumer tel que nous sommes.

Ce qu’il y a de très agaçant dans de nombreux articles ou reportages, c’est qu’il y a toujours un mot sur le bonheur que peut procurer la parentalité. Comme s’il fallait toujours remettre en question les très nombreux arguments avancés par les personnes sans enfant ou que ce choix n’était pas le bon. J’évoquais la pression sociale plus haut et ce genre de posture en fait partie.

Méfiance vis-à-vis des médias

Si l’on sent que les médias ont envie de s’intéresser à la question, nombreux sont ceux qui sont réfractaires à s’exprimer du fait du traitement du sujet. C’est tout à fait compréhensible. L’INA a publié, il y a quelques temps, un sujet sur les femmes sans enfant. Des images de 1976 où l’on entend des discours que l’on peut encore entendre aujourd’hui. Bien que les mentalités semblent évoluer, le fait est qu’il reste difficile d’entretenir une relation saine avec ces médias qui ont tendance à faire dans le sensationnalisme.

Je sais que la démarche de ces journalistes part souvent d’une bonne intention mais il y a toujours ce biais qui fait que le message passe mal ou est toujours remis en question pour ne pas froisser la sensibilité des personnes qui font le choix d’avoir des enfants. On a pu le voir dans l’intro de la récente vidéo de La Carologie, par exemple. Il faut que la société accepte que l’on est pas obligé d’avoir des enfants et si cela doit remettre en question un choix de vie standard et tout tracé, tant mieux.