La non-parentalité au XXIe siècle : une étude des childfree de Zoë Dubus et Yvonne Knibiehler

L’étude intitulée La non-parentalité au XXIe siècle : étude des childfree, réalisée par Zoë Dubus et Yvonne Knibiehler, explore le phénomène de la non-parentalité choisie, en particulier chez les jeunes générations. En s’appuyant sur un questionnaire diffusé en 2017, cette recherche recueille les témoignages de 737 personnes s’identifiant comme « childfree », c’est-à-dire ayant fait le choix délibéré de ne pas avoir d’enfants. Majoritairement des femmes (77 %), ces répondant·e·s offrent un éclairage sur les raisons et les enjeux liés à cette décision, dans un contexte marqué par une normalisation accrue de la contraception et une évolution des valeurs sociétales.

L’étude met en lumière les continuités et les changements liés à ce choix de vie. Parmi les permanences, la stigmatisation sociale, particulièrement forte à l’égard des femmes, reste un obstacle majeur. Les remarques sexistes et les jugements normatifs visent souvent à remettre en question la légitimité de ce choix, en le qualifiant d’égoïste ou d’immature. Du côté des ruptures, les réseaux sociaux émergent comme un espace de soutien et d’échange pour les individus childfree, leur permettant de surmonter l’isolement et de revendiquer publiquement leur décision.

Un aspect clé de l’étude réside dans l’analyse des raisons invoquées pour refuser la parentalité. Si certains soulignent l’absence de désir d’enfant ou la volonté de préserver leur liberté, d’autres mettent en avant des préoccupations écologiques, des inquiétudes sur l’avenir ou encore des expériences personnelles liées à leur propre enfance. Ces motivations variées traduisent une remise en question des modèles traditionnels de parentalité et des attentes sociales qui y sont associées.

L’accès à la stérilisation volontaire est également un sujet central. Bien que légal en France depuis 2001, il demeure difficile à obtenir pour les personnes sans enfants, en raison d’une résistance culturelle et médicale. Les témoignages rapportent des refus fréquents et des jugements de la part des professionnels de santé, reflétant un contrôle persistant sur la fertilité des femmes et des hommes.

Enfin, l’étude s’inscrit dans une perspective sociologique et féministe, en questionnant les normes de genre et l’injonction à la maternité. Elle souligne comment la charge de la parentalité pèse encore principalement sur les femmes, tant en termes de responsabilités domestiques que d’attentes sociétales. Ce déséquilibre contribue à expliquer pourquoi le mouvement childfree est majoritairement féminin.

En conclusion, cette recherche ne prétend pas dresser un portrait homogène des childfree, mais cherche à éclairer un phénomène en expansion. Elle ouvre la voie à des études futures sur les mutations contemporaines de la parentalité et les implications sociales, culturelles et politiques du refus d’enfanter, dans un monde en pleine transformation.

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