La Russie contre les childfree

Depuis plusieurs années, la Russie a pris un virage conservateur sous l’impulsion de Vladimir Poutine. Ce dernier dénonce régulièrement la « décadence » occidentale et promeut un modèle familial basé sur des valeurs traditionnelles. La famille nucléaire, composée d’un père, d’une mère et de plusieurs enfants, est mise en avant comme l’idéal à suivre. Cette politique s’inscrit dans un effort de lutte contre le déclin démographique que connaît le pays depuis l’époque soviétique.

La Douma russe étudie actuellement une proposition de loi visant à interdire la promotion du mode de vie « childfree », un choix personnel de ne pas avoir d’enfants. Ce texte, soutenu par plusieurs responsables politiques, cible spécifiquement les discours diffusés sur Internet, dans les médias, les films et les publicités. Les auteurs de cette proposition estiment que le mouvement « childfree » encourage un comportement jugé « destructeur » pour la société et le pays.

Pour renforcer cette interdiction, des sanctions financières importantes sont envisagées. Les individus pourraient encourir une amende de 400 000 roubles, soit environ 4 000 euros. Les fonctionnaires seraient doublement sanctionnés, et les personnes morales, telles que les entreprises ou les médias, risqueraient jusqu’à 5 millions de roubles. Cette sévérité vise à dissuader toute forme de promotion du mode de vie sans enfants.

Cette proposition de loi s’inscrit dans un contexte de crise démographique aiguë. La population russe diminue régulièrement, et le conflit en Ukraine a accentué cette tendance. Malgré diverses mesures natalistes mises en place depuis le début des années 2000, le Kremlin peine à inverser la courbe. En juillet dernier, le gouvernement a reconnu que cette situation était « catastrophique » pour l’avenir du pays.

La lutte contre le mouvement « childfree » fait partie d’une stratégie plus large de confrontation idéologique avec l’Occident. Les autorités russes présentent cette initiative comme un moyen de défendre l’identité nationale contre des influences étrangères jugées néfastes. Cette démarche s’inscrit dans le prolongement des lois répressives visant les droits des personnes LGBT+ et d’autres initiatives conservatrices adoptées ces dernières années.

La proposition de loi contre le « childfree » s’accompagne d’autres projets de législation visant les libertés individuelles. Par exemple, un texte interdisant l’adoption d’enfants russes par des ressortissants de pays autorisant la transition de genre est également en discussion. Ces mesures traduisent une volonté de contrôler davantage la société russe et de renforcer une vision traditionaliste de la famille et des rôles sociaux.

Source : 20 Minutes