L’étude menée par l’IFOP pour ELLE en 2022 explore les représentations et les choix des françaises en matière de maternité, qu’il s’agisse du désir d’enfant, du non-désir, ou encore du regret maternel. Réalisée auprès de 2 005 femmes âgées de 15 ans et plus, dont un sous-échantillon de 575 mères d’enfants de moins de trois ans, l’enquête permet de cerner l’évolution des attentes, des pressions sociales et des réalités vécues autour de la parentalité. Les données, recueillies en ligne en août et septembre 2022, mettent en lumière des tendances de fond, souvent en décalage avec les modèles familiaux traditionnellement valorisés.
D’une manière générale, les intentions de fécondité sont en baisse. En 2022, le nombre moyen d’enfants souhaités est de 2,1 par femme, mais le modèle de la famille nombreuse séduit de moins en moins : seules 32 % des femmes aspirent à avoir trois enfants ou plus, contre 49 % en 2006. Cette tendance est encore plus marquée chez les femmes sans enfants en âge de procréer : 30 % d’entre elles déclarent ne pas vouloir d’enfant, maintenant ni plus tard. Cette proportion monte à 54 % chez les femmes se disant très écologistes, et à 50 % chez celles qui se considèrent très féministes.
Les raisons avancées par les femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfant sont multiples et souvent liées à des considérations personnelles ou sociétales. La quasi-totalité (91 %) mentionne des raisons d’épanouissement personnel. Les inquiétudes climatiques et politiques sont citées par 81 % d’entre elles, tandis que 63 % évoquent des freins financiers ou familiaux. Le fait de ne pas percevoir la maternité comme indispensable à leur bonheur, le désir de conserver une liberté individuelle ou encore la peur des conséquences d’une grossesse sur le corps sont autant de motifs fréquemment avancés.
Parallèlement à ces refus ou hésitations, l’enquête documente un certain malaise chez certaines mères. Ainsi, 51 % des mères d’enfants de moins de trois ans disent regretter, au moins de temps en temps, la vie qu’elles avaient avant d’avoir un enfant. Cette proportion atteint 61 % chez les femmes âgées de 18 à 24 ans. Le regret n’est pas toujours synonyme de rejet de la maternité elle-même : seules 12 % des mères déclarent qu’elles ne referaient pas le choix d’avoir un enfant si c’était à refaire. Ce taux est plus élevé chez les mères ne vivant pas avec le géniteur de l’enfant (21 %).
L’étude montre également que le désir d’enfant n’est pas toujours partagé au sein du couple. Dans 23 % des cas, les mères d’enfants de moins de trois ans déclarent que la naissance de leur enfant résultait principalement de leur propre volonté. À l’inverse, 8 % indiquent que le projet de parentalité venait surtout de leur partenaire. Cette asymétrie dans les désirs initiaux est à mettre en relation avec les ressentis postérieurs liés au vécu de la maternité.
Enfin, en l’absence de partenaire, une partie des femmes envisage la parentalité en solo. Parmi les femmes sans enfant, en âge et en capacité de procréer, qui souhaitent en avoir, 47 % déclarent qu’elles pourraient recourir à une procréation médicalement assistée (PMA) en tant que célibataire. Cette disposition est plus fréquente chez les femmes jeunes, féministes ou non-hétérosexuelles. Elle témoigne d’un rapport plus individuel à la maternité, dans un contexte où le modèle du couple parental perd de sa centralité.