Les données démographiques récentes en France révèlent une tendance stable mais en légère baisse de la fécondité au cours des dernières décennies. Selon les statistiques, la proportion de femmes restant sans enfant à la fin de leur vie féconde (autour de 45 ans) se situe à environ 13,5 % pour les générations nées entre 1961 et 1965, un chiffre qui reste proche de celui observé pour les générations nées dans les années 1930 (12,7 %). Toutefois, cette tendance varie selon le sexe, avec un taux d’infécondité plus élevé chez les hommes, passant de 14 % pour les générations nées dans les années 1940 à plus de 20 % aujourd’hui. Cela montre une évolution significative dans les comportements démographiques, surtout du côté masculin.
Quant à la proportion d’adultes ne souhaitant pas avoir d’enfants, elle reste relativement faible. Selon une enquête menée en 2010 par l’Ined, seulement 5 % de la population, dont 4,4 % de femmes et 6,8 % d’hommes, exprime un désir de ne pas avoir d’enfants. Parmi les jeunes adultes de moins de 25 ans, ce taux est de 5 %, mais il diminue pour les tranches d’âge plus avancées, s’élevant à 7 % pour les personnes âgées de 40 à 49 ans. En revanche, 95 % des adultes souhaitent avoir au moins un enfant, et entre 80 % et 90 % de ces adultes finissent par en avoir effectivement. Ces chiffres révèlent une nette préférence pour la parentalité dans la société française.
Les raisons qui expliquent cette dynamique sont multiples et se superposent souvent. L’allongement des études et la difficulté d’insertion dans le monde du travail, combinées aux défis de conciliation entre la vie professionnelle et la maternité, ont conduit à un retard dans la formation des couples et, par conséquent, à une baisse du nombre d’enfants par femme. L’évolution des normes sociales, l’émancipation des femmes et un meilleur accès aux méthodes de contrôle des naissances ont aussi joué un rôle majeur dans ce phénomène. Ces éléments combinés font qu’une partie de la population choisit de repousser l’idée de fonder une famille ou même de ne pas en avoir du tout.
Une autre explication de cette évolution démographique réside dans les différences de niveau d’éducation entre hommes et femmes. Les femmes diplômées, en particulier, connaissent un taux plus élevé d’infécondité, car elles tendent à se marier et avoir des enfants plus tardivement, ce qui est directement lié à la scolarisation prolongée. De plus, les hommes peu diplômés rencontrent des difficultés à trouver des partenaires, créant un déséquilibre dans la formation des couples. Ces tendances montrent que l’éducation et les inégalités sociales sont des facteurs déterminants dans les décisions de parentalité, soulignant que l’accès à l’éducation a des répercussions profondes sur la structure familiale.
En parallèle, la procréation médicalement assistée (PMA), qui concerne environ 3,4 % des naissances en 2018, est devenue une solution pour les couples souhaitant avoir des enfants mais rencontrant des difficultés liées à la fertilité. Cependant, cette technologie ne permet pas de rattraper entièrement le retard lié à la baisse de fertilité avec l’âge, en particulier pour les femmes qui tardent à fonder une famille. Par ailleurs, un nombre croissant d’adultes devient beaux-parents, formant des couples avec des partenaires ayant déjà des enfants, une situation qui reflète un changement des structures familiales et des aspirations individuelles.
Concernant l’avenir de la parentalité en France, les projections indiquent une augmentation continue de l’infécondité, particulièrement pour les générations nées dans les années 1970 et suivantes. Pour les femmes nées en 1980, le taux d’infécondité atteindrait 15 %, ce qui représente une évolution par rapport aux générations précédentes. Toutefois, ces prévisions restent incertaines car une partie des couples de ces générations pourrait encore fonder une famille dans les années à venir. Plusieurs facteurs, tels que l’allongement des scolarités, l’insertion professionnelle tardive et les préoccupations liées à la stabilité économique et à l’avenir de la planète, devraient influencer l’évolution démographique à moyen et long terme.